Comment faisait-on la guerre ?

Dans l'imagerie populaire, le moyen âge est une époque où les batailles succèdent aux guerres, le tout entrecoupé de tournois où les chevaliers font des prouesses.

En fait, avant 1250, il était rare qu'un chevalier ait participé à plus de deux guerres dans toute sa vie. Si le haut moyen âge a du faire face aux grandes invasions barbares et vikings, le bas moyen âge a surtout été le théâtre de guerres privées entre seigneurs pour des possessions ou des questions d'honneur. Deux exceptions, cependant : Les croisades et la guerre de cent ans. Chacune d'elles a été à l'origine d'avancées dans l'art de faire la guerre.

Le personnage phare de ces combats est le chevalier, qui est au même titre que le château fort, le symbole du système féodal. Toute ma tactique guerrière était articulée autour de ce char d'assaut humain aux charges dévastatrices.

Le reste des armées, archers, piquiers, sergents et autres piétons n'étaient là que pour appuyer sa charge ou pour tenter de la briser s'il était dans le camp adverse.
L'arbalète, révolution de l'armement féodal, n'a pour seule raison d'être, la volonté de transpercer l'armure du chevalier.

L'équipement du chevalier était au départ fort simple : Un casque à nasal (1050), une cotte de maille descendant sur les cuisses, des chausses de maille, un bouclier ovale et une épée. L'armement évolua peu jusqu'aux croisades qui initièrent quelques améliorations, notamment avec l'apparition du "heaume", casque fermé offrant une bonne protection. Il restera en usage jusqu'à la fin du XV éme siècle, bien que l'armet à bec de passereau l'ait supplanté en efficacité et confort. Mais ce qui marquera le plus ces 200 ans d'évolution rapide, fut l'adoption de renforts métalliques par-dessus la côte de maille, disposés aux endroits vulnérables (épaules, coude, jambe). Ils avaient pour but d'absorber les coups de taille qui, s'ils ne traversaient pas la maille, brisaient les os qui étaient au-dessous.

Ces renforts finirent par recouvrir tout le corps :"l'armure de plate". Celle-ci bien que plus encombrante que le simple haubert de maille, restait toutefois d'un usage aisé, car parfaitement ajusté et d'une excellente facture résultant d'une grande maîtrise des techniques de forges. (Une armure complète représente en francs actuels aux environs de 6 à 900 000 francs). L'armure ne devint un handicap en raison de sa lourdeur qu'après la généralisation des armes à feu (après 1500).

Qui dit combat, dit combattants, aussi, il y avait pour le seigneur la nécessité de recruter massivement et rapidement, aussi le droit coutumier féodal prévoyait ce fait, par le biais de :

L'OST

C'était un service militaire de 40 jours que devait le vassal à son seigneur en échange d'une terre (fief). Au delà de cette période, le vassal pouvait rentrer chez lui, s'il choisissait de rester, le seigneur devait lui verser une indemnité journalière, on disait alors qu'il était stipendié.

Cependant les troupes levées par l'ost n'étaient pas toujours suffisante pour pourvoir aux effectifs nécessaires. On faisait alors appel à des chevaliers rémunérés "chevaliers soldoiés" (d'où découleras le terme soldat). Certains pouvaient même servir ainsi à titre permanent.

La solde :

(Vers 1200, un sous = 12 deniers)
Un chevalier perçoit environ 10 sous par jour
Un Sergent à cheval 5 sous
Un sergent à pied 8 à 9 deniers
Un sapeur ou un maçon lui ne touche que 2 deniers comme un simple ouvrier.

Les acteurs étant présentés, reste à expliquer comment se déroulait la guerre. En fait, il n'y avait pas une guerre, mais trois types ; similaires dans le but, mais différents dans l'esprit :

Les techniques de combat :

Les véritables batailles furent assez rares avant le 13 éme siècle. Princes et seigneurs préféraient les éviter, car le risque était alors grand de tout perdre en un instant. En effet faire la guerre n'était pas synonyme de batailles rangées. Les opérations militaires consistaient essentiellement en des sièges de forteresses destinés à se rendre maître d'un territoire en contrôlant un point stratégique ou bien en effectuant des razzias dont le but était d'affaiblir la capacité opérationnelle d'un adversaire.

Lorsque la bataille était inévitable, la chevalerie était un atout considérable. Cependant, sans le concours et l'appui des "piétons" une bataille avait peu de chance de pencher favorablement. D'ailleurs certains combats trop axés sur l'effet de la chevalerie furent perdus, se heurtant à des armées de piétons disciplinés et motivés (Hasting -1066, Azincourt - 1415). Il est toutefois indéniable qu'aucune bataille ne fut gagnée sans le concours de la chevalerie.

On estime la proportion Piétons/chevaliers à 7 à 10 piétons pour un chevalier. Le piéton le plus craint du chevalier était le Piquier qui pouvait le désarçonner à l'aide du crochet de sa guisarme et en utiliser la pointe pour perforer l'armure.

Il y avait également l'arbalétrier dont l'arme pouvait transpercer une armure de plate à plus de 150 mètres. Elle était si redoutée que l'église tenta d'en interdire l'usage entre chrétiens (pas contre les infidèles) par une bulle papale rendue lors du concile de Latran (1097/1099)

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